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Question 9 - Q&R

 

  

Quelle est la différence entre la sédation profonde et continue/la sédation légère et proportionnée ? Dans quel cas peut-on appliquer l’un ou l’autre ? A-t-on le droit de pratiquer la sédation longue et continue à la demande d’un patient en France ?

 

La sédation profonde et continue a été instituée en France en 2016 par la loi dite « Claeys-Leonetti ». Elle consiste à abolir, profondément et jusqu’au décès, la conscience d’un patient atteint d’une maladie grave et évoluée en phase terminale de sa maladie. Elle est possible dans 3 situations :

  •  Dans le cas où le patient atteint d’une maladie grave en phase évoluée en fait la demande :
    • Parce qu’il présente une souffrance réfractaire aux traitements et que son pronostic vital est engagé à « court terme » (la notion de court terme est évaluée lors d’une procédure collégiale comme un pronostic engagé à environ 15 jours) ;
    • Parce qu’il décide d’arrêter un traitement qu’il subit au titre de l’obstination déraisonnable, pour éviter une souffrance (liée à l’arrêt des traitements et à sa maladie) qu’il pourrait vivre comme insupportable. 

 

  • Dans le cas où un arrêt des traitements est décidé et mis en œuvre au titre de l’obstination déraisonnable pour un patient hors d’état d’exprimer sa volonté. 

La sédation dite « palliative », « proportionnée » ou « terminale », elle, avait fait l’objet de recommandations dans les années 2010. C’est la recherche, par des moyens médicamenteux, d’une diminution de la vigilance pouvant aller jusqu’à la perte de conscience. Son but est de diminuer ou de faire disparaître la perception d’une situation vécue comme insupportable par le patient, alors que tous les moyens disponibles et adaptés à cette situation ont pu lui être proposés et/ou mis en œuvre sans permettre d’obtenir le soulagement escompté. Elle est dite proportionnée parce qu’elle est prescrite, non pas en prévention/prévision de l’apparition de symptômes d’inconfort, mais pour traiter ces symptômes d’inconfort ; la posologie est donc adaptée très finement à l’objectif d’abolition de la perception du symptôme d’inconfort. Par exemple, une détresse respiratoire terminale, une situation de douleurs réfractaires… Elle était également prescrite en cas d’arrêt d’un traitement relevant de l’obstination déraisonnable qui pouvait engendrer des symptômes d’inconfort, par ex : la détresse respiratoire liée à l’arrêt d’un ventilateur en réanimation. Elle concernait les patients en état de s’exprimer pour eux-mêmes et les patients hors d’état d’exprimer leur volonté.

En résumé, la loi de 2016 institue la sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès comme un droit pour le patient qui peut en faire la demande, dans un contexte de fin de vie évidemment. Elle concerne également le patient qui n’est pas en état de s’exprimer pour lui-même mais dont les conditions médicales le requièrent.

La sédation palliative en phase terminale (que vous appelez « proportionnée ») n’a pour autant pas disparu de la pratique palliative et est toujours prescrite selon les besoins du patient atteint d’une maladie grave et évoluée en phase terminale de sa maladie. Dans tous les cas, la décision de mise en œuvre est partagée avec le patient qui doit être informé de ce traitement, de ses objectifs et de sa mise en œuvre pratique ou en procédure collégiale lorsqu’il n’est pas en état de s’exprimer pour lui-même.

 

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